Le Front Commun, qui représente plus de 400 000 travailleurs, déclare la grève du 8 au 14 décembre
Par Taqwa Mohamed-Mahdi
Dans une démonstration de force collective, des centaines de milliers de travailleurs du secteur public au Québec se préparent à une grève d’une semaine en décembre, alors que les négociations contractuelles avec le gouvernement provincial sont dans l’impasse. Le Front commun, une coalition de quatre grands syndicats du secteur public représentant environ 420 000 membres dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux, en a fait l’annonce mardi matin.
La grève provisoire, prévue du 8 au 14 décembre, fait suite à une grève récente de trois jours du Front commun, qui a entraîné la fermeture d’écoles et des perturbations dans le réseau de soins de santé. L’accord n’ayant pas encore été conclu, les travailleurs intensifient leurs moyens de pression pour exiger un traitement équitable et une augmentation de salaire raisonnable.
« Nous sommes en grève parce que notre convention collective a expiré et que le gouvernement ne nous offre pas d’augmentation de salaire équitable. Il y a d’autres problèmes, mais le salaire est le principal. C’est la même chose pour notre personnel de soutien », a déclaré un enseignant d’une école anglaise à l’éditeur du Centre des travailleurs immigrés (IWC-CTI).
Mme Eleni, enseignante à l’école primaire Coronation, a expliqué : « La raison pour laquelle nous sommes en grève est que notre contrat avec le gouvernement doit être négocié. Malheureusement, notre syndicat a négocié avec le gouvernement et les négociations ne se sont pas bien passées. Le gouvernement ne veut pas augmenter son offre. C’est pourquoi nous faisons grève pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il accepte l’offre demandée par les syndicats ».
La disparité des salaires est au cœur du mécontentement des travailleurs. Les enseignants du Québec, qui sont les moins bien payés du Canada, ont vu leur salaire de base augmenter de seulement 15,6 % en huit ans, selon l’Association provinciale des enseignants du Québec. Cette situation contraste fortement avec celle de la Sûreté du Québec (SQ), qui a récemment rejeté une augmentation de 21 % sur cinq ans. Les infirmières, aux prises avec des effectifs insuffisants et des horaires exigeants, en seraient venues à dormir dans les hôpitaux entre deux ou trois quarts de travail.
« Nous sommes toujours en sous-effectif, nous faisons des heures supplémentaires et nous ne sommes pas assez payés. Notre salaire ne suffit pas à couvrir nos dépenses en raison de l’inflation élevée », a déclaré un prestataire de soins de santé.
Il est frappant de constater que 78 % de l’ensemble de la main-d’œuvre du secteur public est composée de femmes. Les critiques affirment que la réticence du gouvernement à répondre aux demandes des travailleurs reflète un manque de considération pour les besoins des femmes, à savoir des salaires équitables, de meilleures conditions de travail et le respect. Cela met en évidence un problème plus large de négligence systémique du rôle crucial que jouent les femmes dans le secteur public et dans la société en général.
Avec la menace d’une grève prolongée, les travailleuses et leurs syndicats envoient un message clair au gouvernement du Québec : répondre aux préoccupations de ses « anges gardiens » n’est pas une simple négociation, mais une question de priorités sociétales et de respect pour l’épine dorsale des services essentiels.
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