Dans un pays qui se veut équitable et inclusif, les récentes révélations concernant les violations commises dans le cadre des programmes de travailleurs étrangers temporaires du Canada ont suscité des inquiétudes. Les mesures prises par le gouvernement fédéral à l`égard de près de 200 entreprises pour des infractions allant du vol de salaire aux abus en milieu de travail soulignent le besoin urgent d`un plus grande contrôle et responsabilisation.
Selon le Globe and Mail, l’année dernière, Ottawa a imposé des amendes sans précédent d’un montant total de 2,7 millions de dollars, ce qui témoigne d’une position ferme à l’égard de l’exploitation sur le lieu de travail. Bien que ces amendes puissent sembler importantes, elles ne font qu’effleurer la surface d’un problème systémique qui exige des solutions globales.
L’augmentation du nombre d’amendes est révélatrice d’une tendance inquiétante. Malgré les efforts déployés pour réduire les abus, l’année 2024 s’annonce encore pire, les amendes moyennes ayant presque doublé par rapport aux années précédentes. Le cas des Pêcheries LeBreton & Fils Ltée, condamnées à une amende vertigineuse de 365 750 dollars, rappelle avec force la gravité de ces infractions.
L’augmentation de l’embauche de travailleurs étrangers temporaires a sans aucun doute exacerbé le problème. Bien qu’il soit destiné à remédier aux pénuries de main-d’œuvre, cet afflux a ouvert la porte à une exploitation potentielle. Certaines entreprises considèrent ces travailleurs comme une solution de fortune, comptant sur leur incapacité à démissionner pour contourner les bonnes pratiques en matière de travail.
Les efforts d’inspection du gouvernement, bien que louables, ne sont pas sans failles. Alors que plus de 2 000 inspections ont été menées au cours de la période 2022-23, seule une fraction d’entre elles a donné lieu à des sanctions. En outre, le manque de rigueur dans l’application de la loi permet à de nombreuses entreprises non conformes de poursuivre leurs activités en toute impunité.
Il est évident que les sanctions actuelles ne sont pas suffisamment dissuasives. Pour les petites entreprises, les amendes peuvent être considérées comme un simple coût d’exploitation, sans que les problèmes sous-jacents soient réglés. De leur côté, les grandes entreprises, craignant une atteinte à leur réputation, s’efforcent de se mettre en conformité, mais des faiblesses systémiques persistent.
La transparence est essentielle pour favoriser la responsabilisation. Si les violations spécifiques ne sont pas divulguées publiquement, les raisons générales de la non-conformité mettent en lumière des problèmes courants tels que les abus sur le lieu de travail et les écarts de rémunération. Toutefois, une plus grande transparence dans le processus d’application est nécessaire pour inspirer confiance dans le système.
En outre, la mise en œuvre doit aller au-delà des amendes. Les interdictions temporaires d’embaucher des travailleurs étrangers sont des mesures temporaires, mais les interdictions permanentes sont exceptionnellement rares. Des sanctions plus sévères, y compris des interdictions permanentes en cas de violations flagrantes, sont impératives pour dissuader les futurs comportements répréhensibles.
En fin de compte, l’intégrité des programmes de travailleurs étrangers du Canada dépend de mécanismes de contrôle et d’application robustes. Alors que nous nous efforçons d’obtenir une main-d’œuvre juste et équitable, il est essentiel de tenir les employeurs responsables du respect des normes de travail. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons garantir que tous les travailleurs, quelle que soit leur origine, sont traités avec la dignité et le respect qu’ils méritent.
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