Camille Legault Thuot
Montréal, le 29 février 2024 – Une enquête menée par l’IRIS et publiée aujourd’hui montre que le re?gime que?be?cois de sante? et de se?curite? du travail (SST) perpe?tue la vulne?rabilite? des personnes non-syndique?es, qui représentent près de 60 % des travailleurs et des travailleuses au Québec.
Selon Mathieu Charbonneau, chercheur associé à l’IRIS et auteur de l’étude, « la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail adoptée en 2021 ne permettra pas d’apporter de réponses satisfaisantes aux problèmes rencontrés par les travailleur·se·s non-syndiqué·e·s en matière de prévention de santé et de sécurité au travail. »
Risques accrus pour les non-syndiqué·e·s
Des rapports d’inspection de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et des témoignages de salarié·e·s révèlent que les personnes non-syndiquées sont moins bien protégées contre lésions professionnelles au Québec.
« Lorsqu’on s’attarde aux témoignages de travailleurs et de travailleuses d’entrepôts et de garderies privées non-syndiqué·e·s, on observe que ces derniers ne disposent pas toujours de l’information nécessaire pour connaître leurs droits ou pour les exercer », note Mathieu Charbonneau.
Décalage entre la loi et la réalité
Les études montrent que la participation des travailleurs et des travailleuses à la prévention des risques en SST permet de mieux les protéger contre les lésions professionnelles. L’implication des salarié·e·s a? la pre?vention en santé et sécurité au travail est d’ailleurs un droit depuis 1979.
« Les salarié·e·s non-syndiqué·e·s peinent toujours à faire entendre leurs pre?occupations quant aux effets de leur travail sur leur sante?. Ce décalage entre la loi et la réalité se justifie difficilement puisque les travailleur·se·s sont les mieux placé·e·s pour identifier les dangers dans leur milieu de travail », remarque le chercheur.
Le Québec en retard en matière de prévention
Les salarie?·e·s pre?caires ont six a? sept fois plus de risques de craindre que le signalement des dangers dans leur milieu de travail ait des conséquences ne?fastes sur leur emploi. Dans ce contexte, le droit de participation à la prévention, garanti par la Loi, ne devient effectif que si la personne salariée peut compter sur une ressource externe et ainsi éviter toute forme de représailles.
« La réforme actuelle sera un coup d’épée dans l’eau si elle ne s’accompagne pas de la création d’une structure indépendante de l’employeur chargée de soutenir les salarié·e·s non-syndiqué·e·s, comme cela se fait dans toutes les autres provinces canadiennes », conclut Mathieu Charbonneau.
Pour lire la note : bit.ly/travail-non-syndique
- Camille Legault Thuot est titulaire d’une maîtrise en science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle a agi à titre de responsable à la recherche et aux communications dans un organisme de défense des droits des chômeurs et chômeuses de 2019 à 2022. Elle s’intéresse tout particulièrement aux nouvelles formes de travail précaire ainsi qu’aux divers programmes de régulation de la main-d’œuvre.
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