Le CTI exige quatre changements aux politiques publiques
afin de protéger des travailleurs essentiels précaires
Montréal, 26 janvier 2021. Des travailleuses et travailleurs précaires exigent une fin immédiate au harcèlement, à la détention, à la mise à l’amende sans motif valable et à l’intimidation arbitraire des travailleuses et travailleurs essentiels de la part de la police sous le prétexte de la mise en application du couvre-feu. Le Centre des travailleurs et travailleuses Immigrants (CTI) revendique la mise en application immédiate des politiques suivantes :
- La politique de discrétion absolue (“de pas demander, de pas dire”) quant aux travailleuses et travailleurs sans statut d’immigration de la part des corps policiers
- L’acceptation des attestations de l’employeur au pied de la lettre par la police pendant le couvre-feu et l’interdiction de l’interrogation pendant plus de dix minutes à la suite de la présentation d’une attestation
- La distribution des cartes d’identité municipales pour tous les résidentes et résidents de Montréal qui permettront les travailleuses et travailleurs sans statut d’immigration de s’identifier sans l’obligation de divulguer leur statut d’immigration
- L’offre immédiate de compensation financière pour tous les travailleuses et travailleurs ayant perdu leurs revenus due au couvre-feu, peu importe leur statut d’immigration, de la part du gouvernement du Québec
Des travailleuses et travailleurs essentiels sans statut d’immigration subissent plus de situations dangereuses, de difficultés financières et de précarité que jamais dans le contexte de la pandémie. Les pouvoirs draconiens accordés aux corps policiers sous le prétexte de l’imposition du couvre-feu a servi à empirer la situation de manière exponentielle, surtout pour celles et ceux à statut d’immigration précaire, qui ne sont pas en mesure de travailler à la maison.
“Même avant le couvre-feu, des travailleurs au statut d’immigration précaire avaient peur d’être interrogés par la police dans l’espace public. Nous avons demandé à plusieurs reprises au gouvernement et au SPVM la protection concrète pour des migrantes et migrants sans statut avec l’application de la politique de « discrétion absolue.” Cette politique empêchera les agents de police de demander des renseignements sur le statut d’immigration des travailleuses et travailleurs et la transmission de cette information Agences des services frontaliers du Canada (ASFC),” explique l’organisatrice communautaire du CTI Viviana Carole Medina.
Le couvre-feu donne le SPVM le droit d’exiger des documents d’identité des travailleuses et travailleurs essentiels sans statut d’immigration, ce qui pourrait entraîner la détention et l’expulsion de ces sans-papiers, qui travaillent comme livreur, entretien ménager, dans le service de transport ou d’autres secteurs.
Depuis le début du couvre-feu, de nombreux travailleuses et travailleurs précaires ont vécu du harcèlement policier. Plusieurs qui travaillent pendant la nuit ont rendu compte de leurs expériences d’être pris par une interrogation policière, dans certains cas pour plus de 40 minutes, même après avoir montré leur attestation d’employeur. Ces travailleuses et travailleurs offrent des services essentiels à nos communautés et risquent leur vie pour la survivance de notre société. Elles et ils méritent un traitement respectueux, non pas l’intimidation.
“Nous avons aussi demandé l’émission de la carte d’identité municipale qui peut être officiellement reconnue comme pièce d’identité par l’autorité publique,” explique Medina. “Nos demandes n’ont pas été écoutées. La peur de celles et ceux sans statut a été mille fois amplifiée par le couvre-feu, parce que la police a maintenant le plein droit d’interroger des gens dans la rue. »
La ville de Montréal s’est déclarée comme une ville sanctuaire en 2017 afin de protéger les personnes sans statut d’immigration de l’expulsion. Le fait que le SPVM se serve du couvre-feu comme motif de harceler des travailleuses et travailleurs au statut précaire nous apparaît hypocrite, et il est moralement inadmissible.
La plupart des travailleuses et travailleurs essentiels ne bénéficient pas de revenus stables et ne sont pas en mesure de continuer leur travail à distance. Alors nombre d’entre elles et eux sont payés à base horaire, elles et ils ont vécu la réduction des heures de travail ou la suppression de l’ensemble des quarts de nuit, à la suite de la mise en place du couvre-feu qui impose la fermeture à 19h 30 ou avant à bien des milieux de travail, tels que les dépanneurs, les restaurations rapides et les épiceries.
C’est inacceptable que des gens qui subissent des plus grands risques afin de faire fonctionner l’économie québécoise perdent leurs revenus sans compensation financière ou même sans reconnaissance de la part du gouvernement. Le CTI demande au gouvernement du Québec d’offrir une prestation financière d’urgence aux travailleuses et travailleurs dont les heures de travail ont été réduites par le couvre-feu pour compenser la somme totale perdue.
« Des policiers détiennent des travailleurs migrants afin de les interroger souvent. C’est une perte de notre temps. Nous travaillons très fort pendant ce temps. Ces interrogations policières superflus sont un type de harcèlement », explique Guarav Sharma, un livreur Uber Eats et organisateur communautaire du CTI. « Pour des travailleurs sans statut, c’est encore plus dangereux et apeurant. Personne ne devrait être sans statut, surtout en ce moment, personne n’est illégale. »
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